Hammershoi, 50 nuances de gris par le maitre Danois
Vilhem Hammershoi ( 1864-1916) est à l'honneur au Musée Jacquemart André et c'est un vrai plaisir de redécouvrir l'oeuvre de ce maitre Danois, pas exposé depuis 20 ans en France. La modernité de Hammershoi se distingue par sa palette reserrée et la simplicité volontaire de ses sujets. Portraits de sa femme et de ses proches, intérieurs monochromes, paysages épurés...
Des représentations de son quotidien construites dans de subtiles nuances de gris et des tonalités douces remarquables. Dans ses portraits, on ressent son admiration pour Whistler mais on devine aussi dans les cadrages l'influence de la photographie.
Une peinture intemporelle qui révèle la poésie du vide, la caresse de la lumière, une certaine idée du temps suspendu. Magnifique et apaisant avec une scénographie bien étudiée réalisé par Hubert Le Gall.Commissariat d'expo: Jean-Loup Champion, Pierre Curie.
Du 14 mars au 22 juillet 2019 https://www.musee-jacquemart-andre.com
Ren Hang , superbe exposition à la Maison Européenne de la Photo
Simon Baker, le nouveau directeur de la MEP, ose exposer Ren Hang et propose un superbe accrochage du jeune photographe chinois subversif ( décédé à 29 ans). Une oeuvre unique et forte réalisée en quelques années et qui s'est imposée malgré l'opposition du pouvoir chinois.
Ren Hang a photographié ses amis et modèles sur les toits ou dans la nature autour de Pékin, des images érotiques clandestines prises en vitesse pour échapper à la police. " Je ne programme rien. Mes idées surviennent quand je shoote." disait Ren Hang. Un pur génie de la photographie à découvrir jusqu'au 26 mai 2019 , Love Ren Hang, Renversant !
Jean-Marie Périer, photographie glamour à la Grande Arche de la Défense
Glamour et la Défense sont en apparence anachroniques et pourtant... L'exposition de plus de 300 photographies de Jean-Marie Périer choisies dans ses archives sixties vaut le déplacement. Occasion idéale pour découvrir aussi le sommet de la Grande Arche et prendre un petit shoot d'air et de ciel parisien.
33 étages en ascenseur extérieur vertigineux et on accède au vaste espace d'exposition. Les grands formats de Périer nous plonge dans l'atmosphère joyeuse et festive des sixties. Toutes les célébrités de "Salut les Copains" et de la Pop Music sont passés derrière l'objectif du talentueux photographe.
Attention plus que quelques jours pour admirer cette belle exposition !
SONGBOOK, Benjamin Biolay et Melvil Poupaud, clap de fin à l'Olympia
Clap de fin de la tournée Songbook de Benjamin Biolay et Melvil Poupaud à l'Olympia hier soir. Une salle archipleine pour partager la B.O de ce binôme "épatant" comme dirait Jean d'O.
Le concert alterne des morceaux choisis de Gainsbourg, Juliette Greco, Brassens, Daho, Aznavour etc...et les succès de Biolay comme La Superbe. Le duo Poupaud / Biolay fonctionne à merveille avec des sketchs très drôles. Benjamin Biolay raconte avec autant d'humilité que d'humour, des anecdotes de sa vie de chanteur débutant.Les chansons s'enchainent naturellement comme une histoire mélodieuse que l'on nous raconte.
Ambiance festive, la salle est conquise et en redemande. La chanson "Jolie Môme" ponctue avec éclat ce Songbook 2019 ! Succès amplement mérité.
Luigi Ghirri, la douceur de la couleur des années 70 au Jeu de Paume
La première rétrospective des photographies de Luigi Ghirri (1943-1992) au Jeu de Paume , hors de son Italie natale, est centrée sur les années 1970. Elle retrace une décennie au cours de laquelle Ghirri a bâti un corpus d’images en couleur sans équivalent dans l’Europe de l’époque. Cette invitation au voyage n'est pas dénuée d'humour avec la juxtaposition des plans.
Ghirri nous propose une Italie toutes en nuances qui évoque une certaine douceur de vivre, oscillant entre nostalgie et modernité.
« Ce qui m'intéresse, c'est l'architecture éphémère, le monde des provinces, les objets considérés comme étant de mauvais goût alors qu'ils ne l'ont jamais été pour moi, des objets chargés de désirs, de rêves, de souvenirs collectifs..., les fenêtres, les miroirs, les étoiles, les palmiers, les atlas, les globes terrestres, les livres, les musées et les personnes au travers des images. ».
Cette belle exposition intitulée "Cartes et Territoires" permet d'appréhender le style si singulier de Ghirri qui s'est forgé sur les rivages italiens mais qui n'est pas sans évoquer le travail d'un contemporain américain Stephen Shore, dans une autre partie du globe, magnifiant lui aussi le paysage quotidien des années 70.
©succession Luigi Ghirri. Le monde de Ghirri, à savourer jusqu'au 2 juin 2019 au Jeu de Paume.
http://www.jeudepaume.org/index2014.php?page=article&idArt=3365
ROUX, l'obsession de la rousseur au Musée Henner
Une idée originale pour évoquer la passion de Jean-Jacques Henner pour la flamboyance des chevelures rousses. L'exposition centrée sur les égéries rousses adulées par Henner comme la belle Juana Romani ( la liseuse de l'affiche) montre aussi une pléiade d'autres artistes et créateurs du 19 ième et 20 ième siécle, en passant par les affichistes, la BD et la mode, fascinés par le ROUX.
Martin Margiela, J.C. de Castelbajac hommage à Sonia Rykiel
Photographies Geneviève Boutry 2010
Cette exposition hétéroclite mais pertinente sur une couleur conçue par Claire Bessède ( conservateur du musée Henner), est aussi une formidable occasion de visiter ce joli musée parisien, parfaite reconstitution d'un atelier de la Belle Epoque.
Vasarely, la résurgence de l'Op'Art
L'artiste Victor Vasarely, star des années 60/70 était tombé dans l'oubli depuis 30 ans. Le centre Pompidou lui rend hommage avec cette belle rétrospective alors que la fondation Vasarely d'Aix en Provence, entièrement rénovée, rouvre ses portes. En effet sous l'impulsion de son petit fils Pierre Vasarely, unique héritier, les oeuvres de Vasarely ont été patiemment restauré et l'on peut à nouveau admirer la précision et la technicité de l'Op' Art inventé par ce hongrois talentueux.
Willy Ronis, photographe humaniste à Ménilmontant
Ce parisien, fils d'un photographe de quartier, devient reporter photographe en 1936 et réussit à mener de front commandes et recherches personnelles. Il sait capter avec tendresse, la vie ordinaire de ses contemporains, toujours en empathie avec ses sujets. Son livre Belleville-Ménilmontant, paru en 1954, reste son best-seller.
Outre les 200 tirages exposés, on peut aussi entendre Willy Ronis dans un long entretien filmé, passionnant. Une belle exposition qui permet en même temps une ballade à Ménilmontant, dans ce 20 ème arrondissement qui garde malgrè tout, son charme populaire.
Jusqu'au 29 septembre 2018, 12 rue de Ménilmontant , 75020, de 11h à 18h du mardi au samedi.
Quand Bettina Rheims rencontre des détenues...
Quand la talentueuse Bettina Rheims rencontre des Détenues en 2014, elle leur propose de faire leur portrait dans un studio de prise de vue improvisé dans leur maison d'arrêt. Plus d'une cinquantaine de portraits sont ainsi exposés dans la sublime Sainte Chapelle du Château de Vincennes.
La sélection des clichés, réalisée par l'administration pénitentiaire, est très forte. Le contraste entre l'architecture gothique raffinée de la Chapelle et l'aspect dépouillé des portraits, est aussi saisissant. Bettina Rheims a su faire ressentir la personnalité de chacune et réussit à sublimer ses prisonnières alors que le cadrage est pour toutes, identique, frontal , sobre sur un fond neutre. On ressent dans chaque visage la violence latente et la tristesse de ces femmes malheureuses, vivant entre quatre murs et pourtant il y a une certaine sérennité qui se dégage de " ces vies mises en veilleuses" selon Robert Badinter .
Une exposition remarquable,aussi inspirée que poignante, à ne pas manquer ! L'occasion également de redécouvrir ce monument historique superbe du château de Vincennes . Le catalogue édité dans la collection blanche de Gallimard, comprenant les textes de Bettina Rheims, Robert Badinter et l'historienne Nadeije Laneyrie-Dagen , complète bien la visite et raconte les dessous de ces portraits en milieu carcéral.
Jusqu'au 30 avril au château de Vincennes puis du 1er juin au 4 novembre au Château de Cadillac en Gironde.
Peinture des Lointains au Quai Branly, un certain goût de l'exotisme
©Marc Alfred Chataud, détail de Filles Kabyles vers 1850.
Première exposition du musée du quai Branly consacrée à sa collection de peinture. il était temps , en effet, de sortir du purgatoire tous ces artistes partis peindre au XIX et XX ième siècles dans les colonies. Plus de 200 oeuvres inédites à découvrir !
Comme le travail du peintre André Suréda 1926, l'île de Djerba. L'artiste avait établi son atelier à Alger puis à Tlemcen à partir de 1896 mais il voyagea aussi en Tunisie, au Maroc..
Ou encore Albert Lebourg, prof - aux Beaux-Arts d'Alger vers 1870; le peintre osait déjà cette peinture sur le motif dans les rues d'Alger. Il rentra en France en 1877, et rejoint le groupe des impressionistes.
Dans cette Europe en pleine expansion coloniale , certains ont cédé à la tentation d'un exotisme surrané, d'autres ont entretenu le rêve d'un Orient de luxe et de volupté comme l'artiste Marie Caire-Tonoir et son superbe portrait de Femme de Biskra ( une oasis en Algérie où séjournèrent de nombreux artistes et écrivains vers 1890/ 1900). Courts séjours d'artistes partis pour des reportages ou des commandes, ou bien longs périples de plusieurs années ou encore installations définitives dans les colonies, autant de carrières artistiques surprenantes nous sont révélées dans cette exposition d'envergure.
Alcide Liotard, Bethsabée, femme malgache 1931
©Jeanne Thil, l'Oasis de Gabès, vers 1950. C'est un foisonnement de toiles, de paysages, de lieux et de parcours d'artistes à découvrir. Les toiles sont issues pour la plupart de la collection de l'ancien musée des Colonies, édifié porte dorée à Paris en 1931 pour la fameuse Exposition Coloniale. A partir de 1895 Nombre d'artistes adhérèrent à la Société des Peintres Orientalistes Français, aujourd'hui tombée dans l'oubli. Loin des clivages politiques, le temps est venu de réhabiliter le travail de ces peintres voyageurs trop longtemps cachés.
Bravo à la commissaire d'exposition Sarah Ligner pour cette sélection originale d'oeuvres méconnues. Jusqu'au 6 janvier 2019
http://www.quaibranly.fr/fr/expositions-eveneme